
Autour de
"ANGÈLE"
création 2019 · solo de cirque · tout public
« Elle s'approche dans une sorte de robe k-way, les jambes nues, toute de bleu vêtue. Le k-way c'est au cas où. Elle trimbale des hula-hoop. Le hula-hoop, c'est rond, c'est doux, ça roule, ça tourne, ça tape, ça l'inspire. Avec frénésie et générosité, elle se sert de chaque mouvement, chaque sursaut, rattrape, relance ; tout peut servir. Une parenthèse cirque sur la surprise.La surprise qu'elle prépare. Celle qu'on lui a fait. Celle qui s'est abattue sur elle . Celle qu'elle attend et qui n'arrive jamais. Celle qui est devant elle et qu'elle oublie à chaque fois... »
- Du point de vue des enfants (de 19 mois à 10 ans) -
Pourquoi ?
Le cirque, avec ses différents agrès devient un prolongement du jouet de l'enfant. C'est lorsque nous sommes enfant que nous créons notre imaginaire, qui évoluera avec le temps. La création artistique et l'enfance sont étroitement liés. Pour l'artiste de cirque, la création est un jeu où l'on s'oublie. Le travail de création nous replonge sans cesse dans cet état d’émerveillement et de découverte. Il nous faut réapprendre à regarder les choses comme la première fois. Aussi les enfants ont une notion très différente de ce qui est rationnel ou de ce qui est magique. Leurs regards et leurs réactions sont souvent très surprenants. La « surprise » comme point de départ de l'expérience artistique. Les émotions primaires sont les premières que vivent les enfants. Il y en a six et parmi elles se trouve la surprise. La surprise est également la thématique déjà abordée lors de la création solo Angèle autour du hula-hoop. La surprise comme attaque inopinée de la vie, celle avec laquelle on passe notre vie à composer. Mais aussi la surprise de l'objet, du geste qui surprend, que l'on retrouve dans l'apprentissage et la découverte. Elle se manifeste dans cet instant où l'on tente quelque chose, celui où l'on rate. Dans la surprise réside ici une manière d'appréhender notre parcours. Comment se servir de chaque geste malhabile, chaque sursaut, chaque rattrape pour avancer ?
La pratique du hula-hoop de par sa zone d'imprévue et son côté ludique s'inscrit dans cette recherche sur la surprise.
Du jeu naît la confusion : le cerceau met en mouvement le corps qui lui-même se surprend du mouvement qu'il donne au cerceau. Une sorte de va et vient entre les deux. Quand tout le corps est désorienté. La surprise provoque aussi bien une rupture qu'un élan du corps,
cherchant sans cesse la maîtrise et le lâcher prise. Accepter l’enfant en chacun nous permet de goûter différemment à la spontanéité, à cet état où le mouvement redevient instinctif. Le plaisir de l’instant présent.

En crèche :
L'exploration sensorielle du hula-hoop sera mise en avant, que ce soit par le son avec le bruit que le cerceau fait au contact d'un vêtement, ou encore son effet hypnotique lorsqu'il tourne à l'infini. Différents matériaux seront utilisés pour recouvrir le cerceau ou pour y être suspendus tel un mobile grandeur nature. Nous pouvons imaginer des lambeaux de tissus qui se prennent dans les cerceaux en mouvement. Il y a également le côté vivant du cerceau qui passe sur le corps et sur le visage, notamment sur la bouche. Quel son cela provoque si je chante en faisant tourner le cerceau sur ma bouche, quelle émotion se dégage ?
Quel imaginaire poétique découle de ses images et de ses rencontres ?
L'expérience passe aussi par le toucher et la découverte de l'objet. Plusieurs cerceaux seront mis à disposition des enfants afin de révéler par eux même leurs différents aspects.
Comment ?
Une expérience collective. Une immersion en crèche permet d'expérimenter ces recherches avec les enfants, en complicité avec le personnel. Ces moments de « laboratoire artistique » peuvent se faire en petit groupe dans différents espaces. Des ateliers sont imaginés avec les parents. À la fin du parcours, les enfants ainsi que le personnel et les parents assistent à une restitution du travail sous forme de spectacle.
À l'école :
L'idée serait de travailler sur le jeu d'acteur avec les enfants ainsi qu'une initiation au hula-hoop et toute la matière artistique qui peut être développée à partir de cet objet. Les différentes pistes de travail abordées avec les enfants pour ce projet seraient en lien avec le spectacle Angèle, un spectacle sur le plaisir. Le plaisir de la surprise, le plaisir dans l'échec comme dans la prouesse de cirque. Travailler sur le plaisir de jouer devant les autres. Garder la spontanéité dans la réaction à l'accident. Développer un imaginaire, trouver son jeu et sa gestuelle autour du cerceau et dans sa manipulation. Vivre un processus de création en accéléré, finir par une présentation du travail effectué. Aussi tout ce parcours se fait en amont ou à la suite d'une représentation du spectacle.
Comment ?
Les ateliers peuvent se dérouler sur 5 demi-journées, avec les objectifs suivants : · Découverte du métier d'artiste de cirque et questions des élèves préparés en amont avec leur professeur. · Sensibilisation aux échauffements avec exercices de coordination et des parcours motricité autours du hula-hoop. · Exercices d'improvisation théâtrale et de détournement d'objet avec les hula-hoop. · Appréhension des techniques de hula-hoop pour permettre de créer et développer leurs propres figures. · Par groupe : temps de création d'un numéro qui évoluera au fil des ateliers puis présentation devant le reste de la classe des étapes de travail à la fin de chaque journée. · Temps d'écriture/dessin en fin d'atelier par groupe afin de restituer par écrit l'évolution de la structure du numéro en cours de création. · Restitution du travail de recherche avec présentation des numéros créés, en fin de parcours devant la classe.
- Du point de vue des personnes en situation de handicap (foyers de vie) -
Pourquoi ?
Dans le cirque chacun à sa place, chaque différence est une qualité et permet la création de nouvelles formes. Chaque création est une aventure humaine que tout le monde peut expérimenter, c'est pourquoi il est important d'encourager l'expression artistique des personnes en situation de handicap. Le hula-hoop, à travers la manipulation du cerceau est une discipline très ludique qui sollicite l'imaginaire. Elle permet de traverser plusieurs états émotionnels et corporels très rapidement. Son atout, il n'y a pas de règle à suivre, on peut tout inventer. Elle est accessible à tous et permet à chacun de s'exprimer différemment et librement, se laissant emporter par le jeu entre le corps et le cerceau. Le cirque aide à dépasser les différences dues au handicap et peut servir de porte d'accès à la culture et aux lieux culturels. Il permet de développer l'estime et la confiance en soi.
Comment ?
En imaginant des ateliers liés à une représentation du spectacle à laquelle les résidents assistent.
À travers les ateliers, différentes disciplines de cirque peuvent être abordées en fonction des capacités du groupe comme la manipulation d'objet à travers la pratique du hula-hoop et le jonglage.
L'approche du cirque se fait également à travers des exercices de théâtre physique afin de mettre en valeur les capacités d'expression et de créativité pour une plus grande confiance en soi et un respect de l'autre.
Selon le nombre d'ateliers possibles, nous pouvons envisager la création d'un spectacle et la présentation de celui-ci dans un des lieux de diffusion de la ville. Cela peut-être aussi l'occasion de participer à la vie culturelle locale en formant un groupe de bénévoles lors d'un événement culturel. Cela se fait aussi à travers des rencontres avec des équipes artistiques (compagnies) et techniques avant ou après le(s) spectacle(s) proposés.
Autour de
THE GOOD PLACE
· création 2019 · cirque pour curieux · à partir de 8 ans
« THE GOOD PLACE est une organisation citoyenne de type horizontale. Composée d'individus normaux, lambdas comme vous et nous, mais aussi des biologistes, des journalistes, des écologistes, des culturistes, des utopistes, des politistes, des éminents spécialistes au service de l’humanité. Nos « good spécialistes » sont là pour vous avec leurs « good solutions ». Et comme il n’y a pas de lumière sans obscurité, afin de trouver l’harmonie entre tous, nous devons accepter notre côté sombre... Peut-être vous laissera-t-on entrer dans le ventre de THE GOOD PLACE et vous y blottir afin d'assouvir votre voyeurisme à travers nos numéros de cirque et performances. La nouvelle piste de cirque des Drôles de Femmes de Marcel est une invitation à la curiosité. Préparez vous à un voyage en rose et vert, un jeu déroutant, mêlant frustration, joie, rire et exaspération. »
- Du point de vue des lycéens -
Pourquoi ?
THE GOOD PLACE (TGP) traite de sujets d'actualité, parfois graves, avec distance et légèreté grâce au jeu clownesque qui amène à la démesure et au rire. Pour cela nous utilisons notre langage circassien, théâtral et musical. Notre recherche s'est basée sur les contrastes et les opposés pour créer des tensions : la construction/la destruction, l'équilibre/le déséquilibre, le beau/le laid, le tragique/le comique. À TGP chaque personnage peut s'exprimer, peu importe d'où il vient et peu importe son niveau intellectuel. On se retrouve aussi bien à parler d'écologie, que du genre, de religion, de sexe, de politique... Et chacun tente avec ironie et/ou conviction d’améliorer le monde. Un cirque qui met en piste le bien et le mal et rit de cette ambivalence. Aujourd'hui, internet et les réseaux sociaux sont une mine d'or de vidéos, dessins, textes qui sont autant de coups de gueules, de dénonciations , de déclarations, voir d'explications, de tutoriels de tout et de n'importe quoi... A TGP, c'est un peu la même chose sous forme de saynètes dans lesquelles on retrouve des personnages très différents les uns des autres, avec parfois du cirque, de la danse, parfois du chant ou du texte, parfois les quatre en même temps. Aujourd'hui avec internet nous avons accès à tout, tout de suite et tout le temps. Et à TGP, on ne choisit pas ce que l'on voit et on ne voit qu'un échantillon à chaque fois que l'on rentre. Lorsque l'on rentre dans le mini chapiteau, on rentre dans une cabine et on se retrouve face à une vitre, qui fait penser à un écran. Chaque spectateur est invité à mettre le casque audio qui est à sa disposition et à insérer le jeton qui lui a été donné dans le monnayeur situé devant lui. À cet instant, la vitre se désopacifie et laisse entrevoir la scène qui se passe à l'intérieur. Chaque jeton a une durée précise et quand le temps s'est écoulé, la vitre s'éteint et on ne voit plus rien, on est coupé.
Comment ?
À la suite d'une représentation de TGP à laquelle auront assisté les étudiants, on organise une
rencontre/discussion avec l'équipe artistique sur la création du spectacle et le parcours artistique de chacun. Si la rencontre se fait sur le lieu du spectacle, on profite pour faire visiter l'intérieur du
mini-chapiteau, d'expliquer comment le système fonctionne et voir les coulisses.
Ensuite on se retrouve sur plusieurs séances pour jouer ensemble à TGP et que chacun s’approprie les règles en tentant de créer de nouvelles scènes avec des thématiques que les étudiants choisiront. Par groupe ils vont chercher à extraire une image ou une idée qui sera soit une dénonciation soit une solution. En lien avec cette thématique, ils vont devoir retranscrire une proposition et mettre en scène à leur tour en utilisant les outils qui leur sont propres. Cela peut-être de la danse, du chant, du théâtre, des acrobaties... En fin de stage/ateliers, nous pouvons prévoir une présentation de chaque saynète devant le reste de la classe ou bien devant d'autres classes.
Autour de la création du spectacle
MÉMOIRES D'UN FOU D'APRÈS L’ŒUVRE DE FLAUBERT
création 2021 · cirque & musique · à partir de 10 ans
2021 : Le bicentenaire de Gustave Flaubert. Un joyeux prétexte pour aller chatouiller dans sa tombe ce géant de la littérature, qui l’aura bien mérité ! Et pour l'occasion nous allons le hula-hooper, le délirer, le machine à fumer... Que fêtons-nous ? La mémoire de ce fou de Flaubert. Oui, mais pas que... Nous fêtons les fous et leurs âmes, la bêtise de l'homme, ses doutes, sa beauté et le monde,
« ce grand idiot, qui tourne depuis tant de siècles dans l'espace sans faire un pas, et qui hurle et qui bave, et qui se déchire lui-même ».
« Et les gens qui aiment à rire pourront à la fin rire de l’auteur et d’eux mêmes » (extrait de Mémoires d'un fou).
Une grande fête ne peut se faire sans musique, ni corps mouvants dans l'espace, en quête d'ivresse. Le son se distord, on se contorsionne et se laisse entrainer par la tourmente des cerceaux qui tournent sans fin, jusqu'à en devenir fou. Les images et les mouvements s'enchaînent et s'entremêlent tels un collage des pensées qui se perdent pour se fondre dans l'horizon. Et si on allait au bout du scepticisme et du désespoir jusqu'à en rire ? Pour Flaubert, c'est ce rire libérateur qui le fait redescendre et relativiser sur sa pensée. L'humour et l'autodérision rythment la dramaturgie de cette oeuvre par quelques digressions sur la société et l'humanité. La performance est guidée par cette oscillation de réflexions qui sont encore aujourd'hui d'actualité : cette société qui corrompt les esprits et « assèche les coeurs », la fin proche de l'humanité, la nature qui reprend ses droits après la débauche. Et l'amour dans tout ça, arrivons-nous seulement à l'exprimer ?
- Du point de vue des lycéens -
Pourquoi ?
Pour cette célébration nous nous appuyons sur sa toute première oeuvre « Mémoires d'un fou » qu'il finit d'écrire à l'âge de 17 ans (1838) et qui ne sera publié qu'en 1901 soit 21 ans après sa mort. Il se trouve que ce n'est pas toujours au lycée que nous sommes les plus réceptifs et sensibles à cette littérature.
Et pourtant on y retrouve de nombreux thèmes et réflexions qui sont encore d'actualité et qui touchent la génération actuelle de lycéens. A travers cette création nous allons tenter de les retranscrire avec nos corps et nos mots. Grâce à la musique avec la distorsion de la voix comme un flot de pensées qui
envahissent l'esprit. Ici le son retranscrit la voix de l'âme. Et si Flaubert avait 17 ans aujourd'hui, comment écrirait-il? Nous reprenons des extraits de texte, parfois tels quels, d'autres réécrits avec les mots
d'aujourd'hui. Les voix sont amplifiées à l'aide d'un vocoder, une technique très utilisée dans la musique actuelle et à laquelle sont sensibles les lycéens. Aussi, en réponse à cette folie décrite dans cette œuvre par Flaubert : le corps pris par le maelström de l'âme tourne sans fin au milieu des hula-hoop (cerceaux). On ne sait plus si le corps est moteur du mouvement ou si c'est le cerceau qui entraîne le corps face à ce cercle infini et vertigineux. De la confusion naît un jeu entre les deux. Le corps se contorsionne, se déforme sous le poids de la pensée.

Comment ?
En intervenant dans des classes qui par la suite iront voir le spectacle avec un parcours d'ateliers en quatre temps autour de la création : - La découverte des métiers d'artistes de cirque et de créateur son/musicien pour le cirque à travers une rencontre avec les lycéens et un échange avec eux sur le spectacle vivant, le quotidien d'un artiste, comment il travaille, quel mode vie cela engage, comment il s'entraine... Mais aussi expliquer notre travail en tant qu'artiste de cirque et musicien au sein de la compagnie de cirque Marcel et ses Drôles de Femmes. Pour cela nous avons plusieurs supports vidéos et photos qui illustrent nos différents spectacles. - Un atelier d'écriture et de musique (Pour rester en lien avec Flaubert et l'oeuvre choisie, un atelier de musique peut être envisagé avec un exercice d'écriture. Les élèves pourront par groupe, choisir un extrait de texte et le réinterpréter à leur manière, avec leur mots et leur sensibilité afin de créer une sorte de rap/slam. Nous serons là pour les aider et les accompagner dans cet exercice d'écriture avec l'aide de l'enseignant. Théo Godefroid est musicien et créateur son, il pourra expliquer comment il créé un son et comment utiliser un PAD pour diffuser la musique et travailler avec. Nous réaliserons une bande son à partir de sons déjà pré-enregistrés sur laquelle chaque groupe pourra dire son texte. - Un atelier cirque. En fonction des espaces de travail disponible dans l'établissement nous pouvons envisager un atelier de découverte cirque autour des portés acrobatiques si des tapis, type tatamis, peuvent être mis à disposition. Nous proposerons un échauffement collectif rythmé par des jeux d'écoute, de conscience de l'espace et de confiance en l'autre dans un esprit ludique. Les portés acrobatiques sont une discipline collective avec laquelle on construit ensemble. Chacun à sa place, on a besoin les uns des autres pour aller plus loin. Si l'établissement ne possède pas de tapis, un atelier d'initiation au hula-hoop peut être proposé. Nous pouvons mettre à disposition une dizaine de cerceaux. C'est une discipline de jonglage qui peut s'adapter à tous les niveaux. - Le suivi d'un processus de création de spectacle. Nous proposons d'ouvrir les portes du théâtre aux élèves afin de voir comment se passe la création d'un spectacle. Ils pourront découvrir le théâtre et assister à un moment de répétition et échanger avec les artistes. Ensuite les étudiants pourront assister à une des représentations données au théâtre avec un temps de discussion à l'issue du spectacle.